Une sécheresse d’une intensité et d’une durée exceptionnelles
L’année 2022 a été marquée par une sécheresse d’une intensité et d’une durée exceptionnelles en France et en Europe. Dès le printemps, des régions ont été confrontées à des déficits hydriques sévères, qui se sont maintenus tout au long de l’été, et ont même perduré jusqu’à l’hiver dans certains territoires. Pas moins de 93 départements français ont dû mettre en place des mesures de restriction de l’eau pour faire face à cette crise.
L’implication des ministères dans l’évaluation
Conscients de l’ampleur des défis posés par cette sécheresse, les ministres Gérald Darmanin (ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer), Marc Fesneau (ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire), Christophe Béchu (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires) et Bérangère Couillard (secrétaire d’État à l’Écologie) ont mandaté des inspections ministérielles pour évaluer la gestion de l’eau pendant la période de sécheresse de 2022.
Les apports des inspections
Les inspections, notamment l’Inspection Générale de l’Administration (IGA), le Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER) et l’Inspection Générale de l’Environnement et du Développement Durable (IGEDD), ont mené une mission d’analyse approfondie en rencontrant de nombreux acteurs de la gestion de l’eau dans une trentaine de départements. Cette démarche leur a permis de formuler plusieurs recommandations essentielles pour améliorer la gestion des sécheresses.
Les recommandations clés :
Le rapport des inspections souligne l’implication des services de l’État et des collectivités territoriales dans la gestion de l’eau au niveau des bassins et des départements qui n’a pourtant pas suffit à détourner cet épisode de sécheresse. Il recommande de renforcer le dispositif de suivi en temps réel de la sécheresse et de ses impacts, ainsi que de rendre plus réactif, plus performant et mieux harmonisé entre les territoires voisins, le dispositif territorial de vigilance et d’anticipation des sécheresses. Face à cela, des mesures concrètes pour la gestion des épisodes de sécheresse, mais aussi des mesures plus structurelles d’anticipation et de gestion pluriannuelle, sont préconisées.
Le rapport interministériel a ainsi présenté 18 propositions, dont certaines sont déjà intégrées dans le « Plan eau » annoncé par le gouvernement le 30 mars 2023. Ces propositions sont organisées autour de quatre perspectives clés :
1. Les plans de sobriété pour les principaux usages :
- Promotion de l’utilisation des eaux usées.
- Modification du modèle agricole pour une utilisation plus économe de l’eau.
2. La sécurisation de l’alimentation en eau potable et des usages de sécurité civile :
- Réalisation de diagnostics de vulnérabilité.
- Établissement de schémas départementaux d’alimentation en eau potable.
- Mise en place d’une tarification progressive pour encourager la consommation responsable.
3. L’« Écowatt de l’eau » :
- Sensibilisation à l’économie d’eau à travers des dispositifs similaires à l’écowatt électrique, favorisant une utilisation responsable de cette ressource.
4. Une communication sur la durée et pas seulement en période de crise :
- Développement d’outils plus performants pour diffuser les niveaux d’alerte et les restrictions.
- Communication nationale sur les bonnes pratiques en matière d’économie d’eau, même en dehors des périodes de crise.
Ces propositions mettent en évidence la nécessité d’une approche globale et proactive dans la gestion de l’eau, en mettant l’accent sur la sobriété, la sécurité et la sensibilisation. Elles visent à assurer une utilisation durable de cette ressource précieuse et à préparer les générations futures face aux défis liés à l’eau.
Le Plan eau et les mesures à venir :
Certaines recommandations formulées par les inspections ont déjà été intégrées dans le « Plan eau » annoncé par le Président de la République le 30 mars dernier. Ce plan vise à mettre en œuvre des actions concrètes pour améliorer la gestion de l’eau, tant sur le plan de la prévention et de la gestion des crises que sur le long terme.
Cependant, le rapport des inspections souligne que d’autres recommandations devront être prises en compte à partir de cet été. Ces mesures supplémentaires visent à renforcer la gestion des épisodes de sécheresse tels que celui vécu en 2022, tout en mettant l’accent sur une anticipation et une gestion pluriannuelle plus efficaces.
Préparation pour l’avenir :
Le gouvernement français se mobilise activement pour préparer les services de l’État à d’éventuelles sécheresses estivales à venir. L’objectif principal est de préserver les usages prioritaires, notamment l’accès à l’eau potable pour tous les citoyens et de tirer des enseignements de ce qui n’a pas fonctionné :
1. Méconnaissance des ressources :
Une méconnaissance des ressources en eau disponibles a été constatée, ce qui a rendu difficile une gestion précise et équilibrée de l’eau pendant la sécheresse.
2. La coordination des services de l’État au niveau local :
La coordination entre les différents services de l’État au niveau local a été insuffisante, ce qui a entraîné des difficultés dans la mise en place des mesures de gestion de l’eau.
3. Le cadrage national de la gestion de crise par les préfets :
Les arrêtés de restriction d’eau émis par les préfets ont été perçus comme « trop sévères » ou « laxistes » par les usagers.
4. La gouvernance et les conventions de gestion des retenues d’eau :
Les obligations de lâchers d’eau dans les retenues ont posé des problèmes de gestion pendant la sécheresse.
5. Le recueil et le partage des données :
La collecte et le partage des données liées à l’état des cours d’eau, des nappes et aux contrôles sanitaires ont été insuffisants.
Pour rappel, l’été 2022 c’est :
- Des restrictions en eau qui ont touché 93 départements.
- Plus de 1 200 cours d’eau qui ont été complètement asséchés.
- Une production agricole qui a enregistré une baisse allant de 10 à 30%.
- Plus d’un millier de communes qui ont dû être approvisionnées en eau par camion ou par des livraisons de bouteilles.
- 75% des nappes phréatiques qui ont un niveau bas ou très bas au 1er avril 2023, selon le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM).
Pour plus d’informations sur le rapport des inspections des ministères sur la gestion de l’eau lors des sécheresses 2022, consultez le site : https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/retour-d-experience-sur-la-gestion-de-l-eau-lors-a3735.html
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Sources
https://www.banquedesterritoires.fr/gestion-de-leau-quelles-lecons-tirer-de-la-secheresse-2022